Une enfant du Catéchisme, à qui on demande ce qu’est le carême a répondu à peu près cela : « le temps où on partage, on prie et on joue ». Probablement l’homophonie entre « jeûne » et « jeu » est-elle à l’origine du contresens ?

Mais est-ce un contresens ?

Au début du XIXe siècle, à Marseille, le Père Jean-Joseph
ALLEMAND (1772-1836), grande figure d’éducateur, fonda une œuvre
de jeunesse. Les autorités du Consulat, inquiètent des activités
pratiquées, dépêchèrent un commissaire de police. Voici la réponse
du jeune prêtre : « Ici on joue, ici on prie ».

Confondre jeûne et jeu n’est pas un contresens. Observez des enfants en train de jouer, vous découvrirez que le jeu suppose la définition et la mise en œuvre de règles précises. Il suppose aussi un engagement complet de soi et une parfaite gratuité, ne cherchant d’autre gain que le bénéfice du jeu lui-même. Est-il meilleure définition du jeûne ?

Ainsi cette enfant du catéchisme – à l’instar de Monsieur JOURDAIN parlant en prose – fait de la pédagogie chrétienne sans le savoir. Puissions-nous en bénéficier et jouer en jeûnant tout au long de ce carême ?

Père Vincent THIALLIER