Le baptême de Jésus représente pour nous ce que la tradition chrétienne appelle une théophanie, une « manifestation ». La tradition conjoint trois événements évangéliques : l’Épiphanie, le baptême de Jésus que nous fêtons aujourd’hui et son premier signe à Cana. L’on veut montrer par là que, dans ses premières manifestations, Jésus est habité par la puissance de Dieu, et même qu’il est Dieu.

De ces trois événements, le baptême apparaît comme symboliquement le plus fort, puisqu’il nous dévoile l’Esprit Saint sous l’apparence d’une colombe, la voix du Père désignant Jésus comme son Fils. Il y a là quelque chose d’assez exceptionnel dans les évangiles, une vision couplée avec une audition (comme plus tard à la Transfiguration) : Dieu reste certes l’Inconnu, bien au-delà de nos capacités humaines, mais les médiations qu’Il utilise permettent de comprendre qui Il est. Voilà le Mystère, la merveilleuse confidence qu’il nous communique : il est Père manifestant son amour à l’humanité en donnant son Fils bien-aimé afin qu’il soit le Frère aîné de tous les hommes ; il est Esprit en nous comme « le Souffle » divin (sens étymologique du mot Esprit). À la Pentecôte, l’Esprit viendra avec fracas sur l’Église sous l’apparence de langues de feu…

La Trinité manifestée ici est le cœur rayonnant de la foi chrétienne : l’insondable relation d’amour trinitaire en Dieu même, son lien à l’humanité, et notre propre vocation à nous laisser engendrer comme enfants de Dieu pour en être le signe au milieu du monde. Si Jésus baptise « dans l’Esprit Saint et le feu », la colombe est le symbole… de la douceur par le souffle ténu du battement de ses ailes… Dieu se manifeste comme Celui qui nous inspire doucement et nous ouvre le chemin en sanctifiant les eaux du baptême et des sacrements… comme ce dimanche à Saint-Séverin nous le rappelle.

Père Richard ESCUDIER