Des siècles d’Histoire et de Foi
stsev_eglise Ouvrir les portes d’un édifice ancien, c’est ouvrir les pages d’un roman d’aventure. Quand nous entrons à St-Séverin, voila que surgissent, vivantes et proches, les passions, les enthousiasmes et les actions des habitants de ce quartier. Pendant des siècles, des hommes et des femmes anonymes ou illustrissimes ont animé ce lieu, l’un des plus anciens de Paris : le quartier Latin.La contemplation d’un chef-d’œuvre d’architecture peut se comparer à l’écoute d’un chef-d’œuvre musical. A St-Séverin, la beauté et l’harmonie des formes nous enveloppent et nous séduisent. Elles nous font rêver comme le ferait un concerto ou une symphonie.

La finalité des bâtisseurs d’église était autrefois d’ordre spirituel : épanouir les âmes. Les formes architecturales nous permettent de découvrir, de retrouver les sources profondes de la vitalité et de la ferveur de nos parents.

St-Séverin est toujours un lieu de prière. Comme dans le passé, la cité de Dieu rassemble la cité des hommes. Sous ses voûtes et dans sa lumière, elle peut encore transfigurer leur vie quotidienne …

Libérons nos imaginations …

Pour cela, revenons quelques siècles en arrière et plus précisément au 12ème siècle, siècle d’essor prodigieux des villes modifiant ainsi profondément les modes de vie et de pensée.

Sur le plan spirituel, on voit un renouveau du culte de la Vierge Marie. Les théologiens proclament : « Dieu est lumière », mais pour la plupart des contemporains est surtout Amour.

En effet, l’aura de Saint François d’Assise imprègne de joie le peuple chrétien.

Le grand poète italien avait chanté la bonté du Créateur, la beauté de son immense création, la fraternité chaleureuse et cosmique entre toutes ses créatures. Son cantique du soleil allait droit au cœur.

Très haut, tout-puissant, bon Seigneur …

Loué sois-tu, mon Seigneur,

Avec toutes tes créatures,

spécialement monseigneur frère soleil,

qui donne le jour et par qui tu nous éclaires ;

Il est beau et rayonnant,

Avec une grande splendeur ;

De toi, Très Haut, il est le symbole …

stsev_lumiere

Au milieu du quartier en pleine activité de reconstruction, la modeste église romane de St-Séverin semble soudain bien petite, sombre et renfermée. Vers 1200, il est décidé de la démolir et d’en reconstruire une, plus vaste et plus conforme au nouvel idéal des bâtisseurs :  » des églises de soleil, des architectures de lumière, des châsses de verre multicolores « .

Cette architecture nouvelle enthousiasmait les contemporains, on l’appelait l’art français, nous disons aujourd’hui gothique.

C’est ainsi que les paroissiens éblouis prieront durant des siècles dans les rayons de messire le frère Soleil, qui est beau et rayonnant et qui, du Très-Haut, porte la signification.

A St-Séverin la technique de construction, la poésie, la théologie et la vie spirituelle se rencontrent.

Le chœur

Comme un vaste écrin courbe, l’architecture s’enroule autour de l’autel. Elle l’entoure, le valorise, l’enchâsse, elle le magnifie.

Lyrisme de la géométrie : la position centrale de l’autel est affirmée. Son rôle fondamental, inouï, est manifesté. C’est là que le prêtre prend du pain, le bénit et redit les paroles du Christ : « Ceci est mon corps ».

La colonne torse

L’enroulement hélicoïdal monte du sol, il éclate en plein ciel. L’intuition des artistes créateurs est en phase avec les grandes lois qui régissent la création. Volutes, spirales, explosions, l’animation prodigieuse de l’univers, du cosmos à l’atome est dynamique. Force vive, elle fait rêver …

Dernière mise à jour : jeudi 27 mars 2008