III   Une vision spirituelle de l’homme

J’entre, la vie est là. L’église actuelle garde le souvenir de Séverin le solitaire. Ermite, il aurait vécu ici au 6ème siècle, à proximité d’un oratoire dédié à Saint Martin. Au 11ème siècle, les archives attestent l’existence d’une église, qui va devenir une paroisse.

palmier_rougeEn entrant dans l’église, je suis « orienté » vers le chœur. C’est en effet au petit matin du dimanche de Pâques que Jésus est apparu vivant, ressuscité. Saint-Séverin, comme presque toutes les églises, est tournée vers l’est, où le jour nouveau se lève.

Ce jour est filtré dans la partie basse par l’eau bleue des deux vitraux figurant le baptême. Ils éclairent les fonts baptismaux. C’est là que je suis plongé dans la mort pour ressusciter avec le Christ. Je deviens un homme nouveau.

Le pilier tors se dresse dans l’axe de l’église, au centre de la forêt de piliers soutenant les voûtes du déambulatoire. Au milieu du jardin, il est le nouvel arbre de vie entre les fonts baptismaux et l’autel, à l’ombre duquel je suis né à la vie d’en-haut et je suis nourri du pain de vie.

Je reçois d’autres que moi ce jaillissement de la vie exprimé par l’architecture. En effet, je ne suis pas seul. Les voûtes bruissent de toutes les prières qui se disent tout bas ou à haute voix depuis sept siècles. L’église est ouverte à tous, riches et pauvres, jeunes et vieux, malades et bien-portants, habitants du quartier latin et d’ailleurs. La grande largeur de l’espace exprime le rassemblement possible de toutes nos vies si diverses. Chacun est attendu dans la « maison de l’Eglise » le dimanche pour célébrer son Seigneur à la messe. Si l’horizontalité de l’espace m’enveloppe de sa douce pénombre, la lumière m’attire irrésistiblement à lever les yeux vers les hauteurs. Car l’église s’élève graduellement pour culminer au dessus de l’autel. Je monte vers mon Dieu et votre Dieu, vers mon Père et votre Père, semble dire le Sauveur bénissant le monde depuis l’une des fenêtres hautes. Sa mère et les saints qui l’entourent m’invitent à répondre à cet appel par la prière d’adoration

 palmier_rouge  Les signes d’une riche expérience spirituelle
L’honneur rendu aux défunts 
Les fondations de l’église reposent sur l’un des plus anciens cimetières de Paris. Est-ce pour intercéder auprès du Seigneur des vivants et des morts que l’ermite Séverin s’installa ici au 6ème siècle ? Peut-être ! Quand Lutèce (puis Paris) se confine dans l’île de la Cité, le cimetière s’étend.
plaque_defuntsDalle funéraire de Nicolas de Bomont Au 13ème siècle, quand la ville déborde hors les murs, les ossements sont rassemblés dans un charnier accolé au sud de l’église. Une inscription, sous le porche de la tour-clocher pouvait se lire il y a encore 100 ans :
Bonnes gens qui par ici passez / Priez Dieu pour les trépassés
. Car on passait par l’église pour pénétrer dans le cimetière. On en a encore une trace avec la dalle funéraire de Nicolas de Bomont, déplacée au-dessus de l’escalier de l’ancien trésor, près de la sacristie. Les galeries enserrant le jardin actuel ne sont donc pas les restes d’un ancien cloître. Elles avaient pour fonction d’abriter ossuaires, tombeaux et autels de dévotion pour le culte des défunts. Aujourd’hui, ces voûtes, construites entre le 13ème et le 16ème siècles et remaniées au début du 20ème siècle, enserrent un oasis de paix au milieu d’un quartier très animé.
cloitre_a
palmier_rougeUn culte marial très ancien

Dans l’église du 13ème siècle, une chapelle de la Vierge était accolée au chevet, à la jonction actuelle de l’entrée du chœur et de la sacristie.

cle_voute_1acle_voute_2aLà « fut érigée en 1311 la première confrérie établie en France en l’honneur de la Très Sainte Vierge sous le titre de la Conception Immaculée » racontait une ancienne inscription maintenant effacée.

Les étudiants du « collège des Normands » semblent avoir été à l’origine de cette dévotion mariale novatrice.

Les bâtisseurs du  15ème siècle en ont perpétré le souvenir dans la clef de voûte : la scène du baiser d’Anne et Joachim (noms attribués par la tradition aux parents de Marie) exprime la chaste conception de l’enfant.

Dans l’église du 13ème siècle, une chapelle de la Vierge était accolée au chevet, à la jonction actuelle de l’entrée du chœur et de la sacristie.
Là « fut érigée en 1311 la première confrérie établie en France en l’honneur de la Très Sainte Vierge sous le titre de la Conception Immaculée » racontait une ancienne inscription maintenant effacée.
Les étudiants du « collège des Normands » semblent avoir été à l’origine de cette dévotion mariale novatrice.
Dans l’église du 13ème siècle, une chapelle de la Vierge était accolée au chevet, à la jonction actuelle de l’entrée du chœur et de la sacristie.
Là « fut érigée en 1311 la première confrérie établie en France en l’honneur de la Très Sainte Vierge sous le titre de la Conception Immaculée » racontait une ancienne inscription maintenant effacée.
Les étudiants du « collège des Normands » semblent avoir été à l’origine de cette dévotion mariale novatrice.
statue_viergeaToujours au 13ème siècle, les étudiants prêtaient serment, devant Notre-Dame de Bonne Espérance, de ne rien dire ou écrire qui pût offenser la Très Sainte Vierge.

La statue, en bois, a disparu au 18ème siècle. Elle fut remplacée par une œuvre plus monumentale, due au sculpteur Bridan, et installée dans la chapelle dédiée à Marie, au sud de l’abside. En levant les yeux vers les deux clés de voûte, on retrouve le début de la salutation angélique, Ave sur l’une, et Maria sur l’autre.

En 1831, une copie de la Vierge de Wilno (aujourd’hui Vilnius, en Lituanie), Notre-Dame d’Ostrabrama, fut placée dans l’église par le polonais Towianski, universitaire original qui fréquenta Saint-Séverin.
Enfin, à la fin du 20ème siècle, Georges Schneider termina le mobilier liturgique conçu pour la chapelle du Saint-Sacrement (ou chapelle Mansart) par une sculpture deNotre Dame du Beau Savoir

joachima

Les bâtisseurs du  15ème siècle en ont perpétré le souvenir dans la clef de voûte : la scène du baiser d’Anne et Joachim(noms attribués par la tradition aux parents de Marie) exprime la chaste conception de l’enfant.

                                   La charité de saint Vincent de Paul
vincent_de-paul
La tradition locale, plus que la véracité historique, a conservé ici l’un des gestes les plus audacieux de ce géant de la charité du 17èmesiècle. On rapporte que, passant par la rue de la Huchette (parallèle à la rue Saint-Séverin), Monsieur Vincent prit en charge un « enfant trouvé ». Devant les réticences des filles de la Charité à s’occuper de cet « enfant du péché », il l’aurait baptisé à Saint-Séverin. « Ses » filles furent alors obligées de s’occuper du bébé devenu « enfant de Dieu ». Telle aurait été l’origine de l’Œuvre des Enfants trouvés. A quelques pas de l’église, en remontant vers le boulevard St Germain, une statue rappelle aussi ce fait.
La tradition locale, plus que la véracité historique, a conservé ici l’un des gestes les plus audacieux de ce géant de la charité du 17ème siècle. On rapporte que, passant par la rue de la Huchette (parallèle à la rue Saint-Séverin), Monsieur Vincent prit en charge un « enfant trouvé ». Devant les réticences des filles de la Charité à s’occuper de cet « enfant du péché », il l’aurait baptisé à Saint-Séverin. « Ses » filles furent alors obligées de s’occuper du bébé devenu « enfant de Dieu ». Telle aurait été l’origine de l’Œuvre des Enfants trouvés. A quelques pas de l’église, en remontant vers le boulevard St Germain, une statue rappelle aussi ce fait. Au 19èmesiècle, le 5ème arrondissement connut d’autres figures de sainteté liées à saint Vincent de Paul : Sœur Rosalie Rendu, fille de la Charité, donna toute son énergie au service du peuple pauvre du quartier Mouffetard. Un peu plus tard, Frédéric Ozanam, universitaire à la Sorbonne, et jeune marié, créa les Conférences saint Vincent de Paul, association spirituelle de laïcs au service des autres. L’un et l’autre ont été béatifiés par le pape Jean-Paul II.

Aujourd’hui, la paroisse s’inscrit dans cette tradition à travers plusieurs associations d’entraide.


La Vierge à l’enfant (15e S.)

La Vierge à l’enfant (15e S.)