Il est bon de descendre de notre piédestal. Celui à partir duquel nous formulons des jugements sur nous-mêmes et sur ce monde que nous habitons. Ce piédestal est souvent élevé : se voyant « d’un œil trop flatteur pour trouver et haïr sa faute » (Ps 35, 3), il ou elle se complaît dans une autojustification de comportements qui blessent l’unité et s’opposent à l’amour inconditionnel de Dieu pour l’homme. Il est bon alors de mettre le pied-à-terre dans une perspective d’abaissement, seule à même de permettre le scrutin du cœur, pour mettre à nu ce qui fait encore obstacle à la conversion.

Mais l’inverse existe aussi. C’est alors de la fosse profonde qu’il s’agit. Depuis le fond, une image brouillée enferme dans une vision tellement réductrice et dévalorisée de soi, que l’on n’a plus la force de lever les yeux et de remonter à la surface. Entre les deux, nous trouvons le carcan des habitudes qui conduit à répéter les mêmes gestes et pensées, quel que soit le contexte.

En suivant Jésus sur la montagne, les disciples font l’expérience de l’abaissement et du questionnement. Témoins privilégiés d’un évènement surnaturel qui les bouleverse, ils doivent aussi, à la demande de Jésus, garder le silence et ne parler à personne de ce qu’ils ont vu.

Il n’en est pas de même pour nous, chrétiens du 21ème siècle. Nous sommes également témoins d’une épiphanie lors de l’élévation du Corps et du Sang précieux de notre Seigneur et nous sommes invités à en rendre compte par une vie chrétienne qui resplendisse de cet amour divin. En ce 2ème dimanche de carême, il s’agit de nous laisser travailler par cet Esprit pour que nous honorions notre effort de carême : chrétiens engagés dans un même combat contre le mal en nous et autour de nous. Il sera alors temps de remonter pour accueillir, dans les larmes du pécheur pardonné, la joie de notre Maître.

Jean-Christophe NORMAND, diacre