Je suis heureux ou malheureux, le Seigneur me déclare heureux ou malheureux… Qu’est-ce que cela signifie ? La Bible nous éclaire en se démarquant de la compréhension grecque de la béatitude. Le bonheur pour les grecs se réfère à l’état des dieux : ils sont immortels, soustraits aux vicissitudes de ce bas-monde. En ce sens seuls les dieux sont heureux et un homme ne peut être qualifié d’heureux qu’après sa mort. En revanche, dans la Bible, la béatitude s’applique aux hommes, et d’abord à la femme qui enfante. La première occurrence se trouve dans la bouche de Léa dont la servante a enfanté un second fils à Jacob : « Je suis heureuse car les filles me diront heureuse » (Gn 30,13). Cette béatitude annonce celle de la Vierge Marie dans son cantique d’action de grâce : « toutes les générations me diront heureuse » (Lc 1,48). Ces béatitudes sont rares et jamais elles ne qualifient Dieu. Dieu n’est pas heureux, mais c’est lui qui accorde le bonheur à l’homme : « Heureux es-tu Israël, qui est comme toi, peuple sauvé par le Seigneur ? » (Dt 33,29). Ce bonheur, Jésus en révèle le chemin. Il est le chemin la vérité et la vie (Jn 14,6). En lui la béatitude divine se communique aux hommes ; par lui les hommes partagent la béatitude de Dieu. Oui, Dieu veut notre bonheur, il nous appelle au bonheur, alors, ne renonçons pas à note vocation !

Père Geoffroy de TALHOUËT