Les sciences humaines nous l’ont appris : pardonner peut être source de liberté, en nous libérant de la rancune permanente et de la victimisation. Souvent, cela demande du temps, et pas dans n’importe quelles conditions. L’évangile de dimanche dernier (Mt 18,15-20) nous le rappelle : un dialogue gradué (d’abord seul à seul…) peut-être nécessaire pour aider l’autre à reconnaître la faute, et permettre un pardon en vérité.

Mais ici, Jésus nous propose une démarche bien au-delà des sciences humaines, et qui nous est déjà donnée dans la prière du Notre Père, quand nous disons :

« Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés ».

Il s’agit là du pardon à la mesure de la profondeur de la Miséricorde de Dieu : 70 fois 7 fois, ce qui dans la culture juive veut dire incommensurable. Ce qui dépasse notre entendement commun, mais qui s’avère d’un grand prix à la lumière des difficultés des relations dans une vie communautaire ou conjugale ou de voisinage.

Alors, l’antienne que nous connaissons :
« Les yeux fixés sur Jésus-Christ, entrons dans le combat de Dieu » prend son sens : elle nous invite ici à changer de perspective. En puisant dans le trésor de notre vie reçue, dans l’amour inconditionnel que nous recevons de Dieu, pour remettre encore et encore sa dette à celui qui nous a blessés.

Bertrand CAVALIER, diacre