Peut-on vivre sans espérance ? Lorsque l’horizon s’obscurcit, l’espérance est malmenée, comme étouffée. Paradoxalement, c’est aussi dans l’obscurité que la clarté de l’espérance se révèle. Aux jours d’allégresse, elle passe inaperçue ; aux jours d’épreuve, elle semble s’évanouir. Elle est aussi forte que discrète.
Deux auteurs peuvent nous aider à reconnaître celle qui semble cachée. Georges BERNANOS, dans une conférence de 1945, disait : « On croit qu’il est facile d’espérer. Mais n’espèrent que ceux qui ont eu le courage de désespérer des illusions et des mensonges où ils trouvaient une sécurité qu’ils prennent faussement pour de l’espérance. (…) Pour rencontrer l’espérance, il faut être allé au-delà du désespoir. Quand on va jusqu’au bout de la nuit, on rencontre une autre aurore. Le démon de notre coeur s’appelle “À quoi bon !” ». Charles PÉGUY la décrit comme la petite soeur de la foi et de la charité. Elles avancent toutes trois sur le chemin montant et malaisé : « Traînée, pendue aux bras de des grandes soeurs, qui la tiennent par la main, la petite espérance s’avance. Et au milieu de ses deux grandes soeurs elle a l’air de se laisser traîner. Comme une enfant qui n’aurait pas la force de marcher. Et qu’on traînerait sur cette route malgré elle. Et en réalité c’est elle qui fait marcher les deux autres. Et qui les traîne, et qui fait marcher le monde ».
L’espérance n’est ni certitude, ni déni de la réalité. Elle naît de la confiance au Dieu fidèle dont l’amour miséricordieux voit plus loin que nos péchés. Elle s’appuie sur le roc de la promesse. Elle sait que la lumière brille dans les ténèbres, et que les ténèbres ne l’ont pas arrêtée.
Père Guillaume NORMAND