En la solennité de l’Épiphanie du Seigneur, notre imaginaire nous conduit à centrer notre regard plus sur les mages que sur l’enfant et sa mère. Car notre attention est plus facilement distraite par ce qui est de l’ordre du beau, du clinquant, et de ce qui fait, souvent, beaucoup de bruit. Exactement l’opposé du silence radieux d’une sainte famille présentant aux regards des visiteurs un petit enfant emmailloté.
Pour qu’il produise son effet, ce silence nécessite un petit effort, une attention consciente posée sur ce qui est la discrétion même dans un monde agité et troublé. Ces mages, tout comme nous, ressentaient de l’inquiétude sur le sens de leur quête et son point d’aboutissement (Où allons-nous ? Que faisons-nous ?) Leurs mains étaient alourdies des richesses qu’ils pouvaient légitimement craindre d’être dérobées sur la route (la peur de l’autre). Égarés dans Jérusalem, ils s’adressent à la mauvaise personne (le roi Hérode), et
reçoivent une indication qui les remet en route. Mais, au-delà du conseil, c’est la réapparition de l’étoile qui les avait guidés de l’orient, qui les réjouit et les conforte profondément.
A notre tour, nous sommes invités à tourner nos regards vers la lumière douce de notre crèche intérieure pour y retrouver cette petite étoile, un enfant nouveau-né. En manifestant et partageant cette grande joie des mages, nous pouvons et devons croire que la paix pour notre monde est accessible, que les guerres peuvent s’arrêter, que les souffrants peuvent être soulagés, que la vie peut renaître là où elle est étouffée. Nous nous faisons alors le plus beau cadeau de Noël et contribuons à l’épiphanie d’un salut pour tous. Tel est le mystère de Noël, ce paradoxe éblouissant entre la pauvreté du contexte de la naissance du Sauveur et l’extraordinaire promesse de sa manifestation dans la gloire pour le salut de toute la création. Debout,
resplendissons !
Jean-Christophe NORMAND