24 mai 1931-21 septembre 2020
Saint-Séverin, début des années 50. Une haute silhouette déambule sous les voûtes des bas-côtés, s’abrite derrière les piliers gothiques, pour mieux observer, respirer et goûter ce mystérieux concentré de beauté et de spiritualité. L’homme est timide, discret, il ne veut pas se faire remarquer, mais il vient et revient dans cette église où son instinct lui dit que là, il se passe quelque chose… Il est rentré du Maroc où il a grandi en toute liberté, dans une ambiance chaleureuse et ouverte à toutes les cultures. A Paris, il lui faut trouver son chemin. S’il est avant tout attiré par la peinture, le cinéma le fascine depuis l’enfance. Il entre au cours de théâtre de la grande Tania BALACHOVA, ses camarades sont Delphine SEYRIG, Laurent TERZIEFF, Samy FREY, Stéphane AUDRAN… Dans le même temps, une amie lui fait découvrir les Ateliers d’art sacré de la place Furstemberg. Révélation ! Le père Raymond REGAMEY, dominicain, met des mots sur ce qu’il cherchait sans vraiment le savoir : « je crois que ce que vous cherchez, c’est Dieu »… Tout est dit. Le jeune Michael LONSDALE, qui fut un temps, au Maroc, tenté par l’Islam, se met en route vers le baptême, il a bientôt 22 ans. Il poursuit assidument ses visites à Saint-Séverin et c’est là, sur le plus petit parvis de Paris – comme il disait en souriant – qu’il rencontre Denise ROBERT. Est-ce parce qu’elle est aveugle que cette inconnue perçoit immédiatement la soif du jeune homme ? Bras dessus bras dessous, ils arpentent les rues de Paris en parlant de tout et de rien, et surtout de Jésus, cultivant une amitié de cœur et d’âme. Tout naturellement, Denise est marraine quand le Père REGAMEY baptise Michael.
La carrière du comédien démarre rapidement, au cinéma et au théâtre, mais il reste fidèle à Saint-Séverin où toujours, il se passe quelque chose. L’audace et l’intuition des pères CONNAN, PONSART, MOUBARAK, le marquent profondément.
Si, peu à peu, les exigences d’une brillante carrière prennent le pas sur la pratique religieuse, la Providence veille. Suite à des deuils qui l’anéantissent, Michael LONSDALE découvre le Renouveau charismatique. Le vent de l’Esprit renouvelle la foi enfouie. L’immense comédien se veut dorénavant témoin de Jésus en tout lieu. Tout en poursuivant sa carrière auprès des plus grands, il réserve une partie de son temps à l’élaboration de spectacles à la gloire de Dieu. Dans les années 90, les Récits d’un Pèlerin Russe, les Fioretti de Saint-François, Petite Thérèse, ouvrent un nouveau chemin. Le hasard-logique de Dieu, fait que la chargée de production s’installe rue Saint-Séverin…
Michael LONSDALE revient à la maison. Saint-Séverin sera dorénavant sa paroisse. Il ne se cache plus derrière les piliers, se lie d’amitié avec le Père SCHNEIDER qu’il suit assidûment dans ses retraites et pèlerinages, prend joyeusement part à la liturgie et reste fidèle jusqu’au bout de ses forces à la messe du dimanche soir et aux amis qui l’animent.
Notre église était trop petite pour que puissent y être célébrées ses funérailles, mais les deux prochains concerts Plein-Jeu lui ont rendu un hommage particulier.