Pendant quarante jours, Jésus fut tenté par le diable. Le Sauveur du genre humain affronte l’Ennemi du genre humain ! Pourtant, rien d’épique dans ce combat. Le Sauveur est un homme affamé, sans force, vulnérable. Dans son extrême faiblesse, il s’en remet au Père. Là est sa force, dans la parole entendue au Jourdain : « Tu es mon Fils bien-aimé » et dans l’Esprit qui repose sur lui et le consacre pour sa mission.

Changer des pierres en pain pour assouvir sa faim ? Et pourquoi pas nourrir tous les hommes qui meurent de faim dans le monde ? Mais Jésus n’est pas venu régler les problèmes de l’humanité, il est venu pour aimer et nous apprendre à aimer, d’un amour qui partage.

Faire allégeance au Prince de ce monde, le diable en personne, pour disposer de la puissance politique, économique, financière ? Mais sa royauté n’est pas de ce monde, il est venu pour servir et nous apprendre à servir.

Faire un miracle épatant pour que tous croient en lui et que les foules subjuguées se rallient à lui ? Mais le signe qu’il donne, c’est sa Croix, le grand signe de l’amour qui va jusqu’au bout.

Le carême, c’est entrer dans ce combat avec Jésus, le combat contre l’illusion de la toute-puissance, contre la tentation de tout régler à la place de Dieu par les moyens du monde.

Le carême, c’est aller au désert dans la faiblesse, remettre sa vie au Père, suivre le Fils bien-aimé, dans la force de l’Esprit. Le carême, c’est aimer, servir et donner, aimer davantage, aimer jusqu’au bout.

Père Francis DE CHAIGNON