C’était sous son nez, mais il ne l’avait pas compris. « Seigneur, montre-nous le Père, cela nous suffit » demande Philippe à Jésus. « Celui qui m’a vu, a vu le Père », s’entend-il répondre.
Un dialogue qui nous invite à découvrir que ce que notre cœur cherche n’est parfois pas si loin de nous. Dans la Genèse, Jacob l’a expérimenté après un songe : « Le Seigneur est en ce lieu, et je ne le savais pas ! » (Gn 28,16). Au contraire, persuadés d’être proches du but, il nous arrive d’aller dans la mauvaise direction : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? », demandent les anges aux femmes qui se rendent au tombeau de Jésus. « Il n’est pas ici, il est ressuscité » (Lc 24,6). Ne pas voir est une chose, mais vouloir persister dans son aveuglement en est une autre. Vivre dans l’Esprit, c’est vouloir chercher la vérité, nous laisser trouver par elle, et l’accueillir comme une constante nouveauté.
Le prologue l’annonçait déjà : « Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique, lui qui est Dieu, lui qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a fait connaître » (Jn 1,18). Jésus n’est pas tant celui que nous cherchons que celui qui est déjà avec nous. Sa parole nous est livrée. Le sacrement de son corps et de son sang nous est donné pour que nous demeurions en lui et lui en nous. Le baptême a fait de nous les membres de son corps mystique. C’est ainsi que Jésus nous introduit en présence du Père. Plus encore, il nous fait participer à la plénitude de sa dignité filiale, pour qu’avec lui, en toute vérité, nous puissions dire, ici et maintenant : « Notre Père ».
Père Guillaume NORMAND