Place du Palais-Royal, entre le Louvre et le Conseil d’État, une étrange installation attire le regard. Une caravane de bric et de broc semble avoir échoué entre les pilastres et les corniches des palais. Le photographe Nicolas Henry célèbre, par une exposition de portraits, les 70 ans de la fondation d’Emmaüs par l’abbé Pierre [1].
Ces portraits monumentaux mettent en scène, dans un décor de chiffons, les parcours de personnes accompagnées par l’association. Visitant cette galerie éphémère, lisant quelques notices sur ces trajectoires, un visiteur soupire « c’est triste ». Au même instant, je me disais intérieurement « c’est beau ».
C’est les deux assurément. La grâce et la dignité de l’homme resplendissent singulièrement lorsqu’au cœur d’une situation dramatique surgit la transcendance, le Beau, le Bien ou le Vrai, rayonnement de la Gloire de Dieu. L’Abbé Pierre définissait ainsi la communauté qu’il a fondée : » une espèce de laboratoire ; une fabrique de carburant social à base de récupération d’hommes broyés. Hommes que la vie avait frappés, qui individuellement et isolés n’étaient plus qu’une poussière d’homme. Seuls, c’était le désespoir. Rassemblés, réunis, remis debout, ils deviennent alors une force explosive. » Puissions-nous, au cœur de nos pauvretés, laisser rayonner cette force.
Père Vincent THIALLIER
[1] Exposition gratuite jusqu’au 29 octobre 2019, Place du Palais Royal.
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