A l’époque mérovingienne, notre église n’est encore que l’oratoire d’un cimetière situé aux abords d’une des principales voies de la cité. Rapidement, la chapelle devient lieu de dévotion à Saint Séverin, ou plus exactement, à deux saints portant le même nom, un ermite et un abbé. Au 12ème siècle, une nouvelle église sort de terre et Saint-Séverin devient la première paroisse de la rive gauche, accueillant les premiers étudiants du Quartier Latin.

Les orgues de Saint-Séverin, et principalement le grand orgue, sont des témoins importants de l’évolution de cet instrument en France, et à Paris en particulier.

Les archives font état d’un orgue à Saint-Séverin dès la fin du 14ème siècle, dont il fut écrit que, malgré sa petite taille, sa sonorité était si agréable « qu’on croyait entendre les anges du paradis ». La construction d’un nouvel instrument plus important est décidée en 1521. Installé en « nid d’hirondelle » dans le chœur, il est pourvu de volets peints comme très souvent à cette époque. D’un simple clavier manuel, il est ensuite agrandi et passe à 2 puis 3 claviers. Au long du 17ème siècle, ce sont d’illustres noms de la facture d’orgue qui œuvrent à son évolution : Valeran de Heman (1626), la dynastie Thierry (1645 et 1670) puis Jean de Joyeuse.

C’est un orgue très délabré au début du 18ème siècle. Sous le titulariat de Michel Forqueray est décidée en 1745 la construction d’un orgue neuf, qui sera désormais placé en fond de nef (occultant définitivement de magnifiques vitraux du 15ème siècle). Dans le somptueux buffet construit par François Dupré (menuisier) et Jacques-François Fichon (maitre-sculpteur), le facteur d’orgue Claude Ferrand fournit un instrument d’une trentaine de jeux, dont certains repris de l’instrument précédent.

Pendant les troubles de la Révolution, l’orgue de St-Séverin ne doit sa survie qu’à la beauté de son buffet et à l’utilisation de l’église comme entrepôt de poudres et salpêtre. Après la tourmente, l’église est rendue au culte en 1802 et François Dallery père remettra l’orgue en état de chanter en 1807 puis 1825. En 1890, les fils du facteur anglais John Abbey lui donneront une structure et une composition symphonique, qui correspondent aux goûts du temps.

Après-guerre, sous l’impulsion du cardinal Suhard, Saint-Séverin retrouve son rôle de paroisse du monde étudiant. S’ouvrent alors des années très riches dans les domaines de la culture, la liturgie et l’enseignement.
En 1958, divers projets de restauration de l’orgue sont envisagés. Le père Lucien Aumont, proche de Michel Chapuis, consulte alors celui-ci, qui défend avec enthousiasme un projet novateur (pour ne pas dire révolutionnaire à cette époque) : rétablir le positif de dos (vidé en 1890) et reconstruire l’instrument selon une conception classique correspondant au grand buffet, avec une console mécanique neuve. Commencés en 1959, les travaux réalisés par Alfred Kern sur les plans de Philippe Hartmann sont achevés en 1964 et inaugurés par Helmut Walcha. Michel Chapuis ayant été nommé titulaire, il souhaite alors renouer avec un fonctionnement en équipe « par quartier », selon un usage répandu pendant le Grand Siècle. Avec André Isoir, Jacques Marichal, Francis Chapelet puis Jean Boyer, il développe une dynamique musicale et artistique spécifique à St-Séverin, avec de nombreux concerts organisés pendant les décennies 70 et 80.

Sur le plan liturgique, les années 60-70 sont également particulièrement fécondes. En effet, bien avant que ne soient promulguées les instructions du concile Vatican 2 (notamment Musicam Sacram en 1967), le chant est instauré comme facteur d’unité de la communauté paroissiale. Riche d’un instrument neuf et d’une formidable équipe de musiciens et d’écrivains (prêtres et laïcs), la paroisse va se doter au fil des années d’un répertoire spécifique, parfois expérimental, très fédérateur (édité en 2003 chez Voix Nouvelles), dans lequel l’orgue a un rôle très important, tant dans l’accompagnement que dans le répertoire et l’improvisation.

Après 40 années d’utilisation intensive, le grand orgue a été restauré entre 2009 et 2011 par les facteurs Quentin Blumenroeder (qui en assure depuis l’entretien), Dominique Thomas et Jean-Marie Tricoteaux et a été inauguré en novembre 2011 par les 4 titulaires M. Alabau, F. Espinasse, C. Mantoux et N. Bucher.

Composition

I – Positif

56 notes

II – Grand-Orgue
56 notes
III – Résonance
56 notes
IV – Echo

56 notes

Montre 8′
Bourdon 8′
Prestant 4′
Flûte à cheminée 4′
Nasard 2′ 2/3
Doublette 2′
Tierce 1′ 3/5
Larigot 1′ 1/3
Fourniture 1′ V-VI
Cromorne 8′
Trompette 8’
Montre 16′
Montre 8′
Flûte conique 8′
Prestant 4′
Doublette 2′
Fourniture 2′ – V
Cymbale 2/3′ – IV
Cymbale-tierce II
Cornet V
Bombarde 16′
Trompette 8′
Clairon 4′
Musette 8′
Bourdon 16′
Quintaton 8′
Bourdon à cheminée 8′
Flûte conique 4′
Grosse tierce 3′ 1/5
Nasard 2′ 2/3
Quarte 2′
Sifflet 1′
Tierce 1′ 3/5
Cornet V
Voix Humaine 8′
Hautbois 8′ (dessus à partir de Fa2)
Viole 8′
Unda Maris 8′
Bourdon 8′
Principal 4′
Flûte à fuseau 4′
Doublette 2′
Quarte 2′
Sesquialtera II
Cymbale 1′ – V
Trompette 8′
Pédale, 30 notes
Flûte 16′
Soubasse 16′
Bourdon 8′
Principal 8′
Principal 4′
Nachthorn 2′ (à cheminée)
Fourniture V
Cymbale IV
Douçaine 32′
Bombarde 16′
Trompette 8′
Clairon 4′
Tremblant positif
Tremblant résonance
Tirasse II – Tirasse III
Accouplement I / II – III / II – II / III – IV / III
Expression écho
Appels :
– Anches pédale
– Mixtures pédale,
– Anches GO
– Mixtures GO,
– Anches et mixtures positif,
– Anches et mixtures écho.
Clavier
56 notes
Pédale
30 notes
Bourdon 8’ (basses et dessus)
Principal 8’ (B&D)
Flûte 4’ (B&D)
Prestant 4’ (B&D)
Doublette 2’ (B&D)
Cornet (dessus à partir de Do 3)
Soubasse 16’
Flûte 8’
Tirasse
Tremblant
Clavier
56 notes
Bourdon 8’ (basses et dessus)
Flûte 4’ (B&D)
Doublette 2’
Tierce
Tremblant