Nous avons encore vécu une année particulièrement dense et éprouvante, tant dans la vie de notre société que dans la vie de l’Église. Tellement dense, que ce qui s’est passé en début d’année peut désormais nous paraître bien loin. Peut-être est-ce le signe que l’espérance est à notre portée et qu’elle nous invite à regarder en avant, sans pour autant effacer la mémoire du passé.

Au mois de septembre dernier, nous sommes rentrés masqués, étant encore plongés dans les suites immédiates de la crise sanitaire. Cela s’est prolongé jusqu’à la mi-mars, et nous nous en sommes assez facilement déshabitués : la vie quotidienne s’en est trouvée grandement facilitée et nos assemblées ont retrouvé le visage de chacun. Néanmoins, elles se sont aussi « dégarnies » : à Saint-Séverin comme ailleurs, on estime une diminution de 25% du nombre de personnes présentes à la messe le dimanche. Pour nous, cette baisse peut également résonner comme une invitation : comment renouer avec ceux qui ne viennent plus ? Et plus largement, quelle espérance avons-nous à annoncer à nos contemporains ? Ou comme le disait le cardinal VINGT-TROIS en son temps : qu’avons-nous à proposer à ceux qui ne nous demandent plus rien ?

Au mois d’octobre, l’Église de France a connu une grande secousse à l’occasion du rapport de la CIASE. A Saint-Séverin, nous avons pu échanger sur ce douloureux sujet au cours d’une soirée. Au-delà d’une querelle de chiffres, le rapport met en lumière un certain nombre de dysfonctionnements institutionnels et de comportements qui ouvrent la porte à toute sorte d’abus. De manière générale, c’est l’occasion de pouvoir réévaluer nos propres relations, afin qu’elles gagnent toujours davantage en justesse et en vérité.

Notre Église diocésaine a aussi été secouée cet hiver par le départ de Mgr Michel AUPETIT et l’écho médiatique qui l’a accompagné. Après la période d’administration du diocèse assurée par Mgr Georges PONTIER, c’est désormais une nouvelle page de la vie de notre diocèse qui s’écrit désormais avec l’arrivée de Mgr Laurent ULRICH que nous avons accueilli le 23 mai dernier.

Bref, l’hiver a été rude. Si ces crises sont autant de moments pénibles au moment où nous les traversons, elles peuvent devenir autant d’opportunités nouvelles. Elles sont autant de lieux où se joue le mystère de la mort et de la résurrection. Nous pouvons ainsi les relire à la lumière du mystère pascal. Dans l’évangile de saint Luc, les deux disciples d’Emmaüs cheminent dans la tristesse après la mort de Jésus en qui ils avaient fondé un espoir humain : ils avaient leur propre conception de la délivrance qu’ils attendaient de Jésus. Sa mort est venue briser leur élan et éteindre leurs aspirations. Mais c’est bien le Ressuscité qui se tient à leurs côtés, qui ouvre leur esprit à l’intelligence des Écritures et leur dit : « Esprits sans intelligence : Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » (Lc 24,25). Après l’avoir reconnu au signe de la fraction du pain, les voici remplis d’une force et d’une espérance nouvelle qui leur fait reprendre le chemin pour aller en témoigner auprès des disciples qui connaissaient aussi l’affliction. C’est aussi l’expérience de saint Paul qui écrit aux chrétiens de Corinthe : « Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père plein de tendresse, le Dieu de qui vient tout réconfort. Dans toutes nos détresses, il nous réconforte ; ainsi, nous pouvons réconforter tous ceux qui sont dans la détresse, grâce au réconfort que nous recevons nous-mêmes de Dieu » (2 Co 1,3-4).

A Saint-Séverin, beaucoup de belles choses se sont passées. Comme chaque année, l’accueil de cinq personnes au cours d’Hiver Solidaire nous a permis de parcourir ensemble un étonnant chemin de fraternité. Dans un autre registre, la restauration de la chapelle Saint-Jean a montré la capacité de se mobiliser ensemble pour restaurer et transmettre le patrimoine dont nous avons nous-même bénéficié. La démarche synodale amorcée au cours du carême, et qui se poursuit encore, manifeste le désir et l’attente de prendre pleinement part dans la vie de notre communauté, afin qu’elle soit ouverte, accueillante et capable de transmettre ce que nous recevons nous-même de Dieu : la joie de l’Évangile. Les « anges gardiens de l’été » manifestent la générosité et l’attention portée à ceux qui en ont besoin.

L’année prochaine, le Père Joseph et moi-même serons heureux de continuer le service de notre communauté paroissiale. Les séminaristes partent vers d’autres horizons : Francisco sera à la Maison Saint-Vincent, ainsi que Gabriel ; Pierre-Marie part à la Maison Saint-Germain ; Louis-Joseph rejoint la Maison Saint-Louis et Wandrille la Maison Saint-Denys-du-Saint-Sacrement. Matthieu change de lieu de formation et part pour la Mission de France à Ivry. Grégoire et Axel poursuivent leur chemin dans une autre direction, l’un en reprenant des études, l’autre la vie professionnelle. Cet été, le père Massimo FRIGO viendra en juillet, le père Raul GARCIA début août et le père Giuseppe GRAMPA fin août.
Bon été à toutes et à tous !

Père Guillaume NORMAND, curé