Et si nous prenions le risque de prendre cette phrase de l’Évangile de ce dimanche au sérieux ? Être incrédule peut, paradoxalement, avoir bonne presse aujourd’hui : ce serait le signe d’un esprit critique, qui prend du recul, juge sur pièces, et ne se laisse pas influencer, voire manipuler. Croire serait réduit à de la crédulité, attitude souvent qualifiée de naïve.

En réalité, nous savons que croire est un acte de foi, un acte courageux, car il prend le monde à contre-courant. Envers et contre tout, il affirme la primauté de la loi d’amour qui proclame qu’ « aimer son prochain comme soi-même » non seulement fait sens, mais constitue aussi une condition sine qua non du vivre ensemble. Faire le pari de la foi, c’est croire en ce Deus absconditus, ce Dieu caché, inconnaissable par la seule raison humaine.

Cette réalité nous conduit, tout comme l’apôtre Thomas, à vivre des moments de doute, de misère spirituelle profonde. Pour autant, nous ne sommes pas seuls et nous pouvons nous reconnaitre dans la parole de Jésus « Heureux ceux qui croient sans avoir vu », à chaque fois que nous faisons mémoire des grâces reçues, de la joie ressentie au cours d’une célébration, de témoignages de vie partagés en communauté, en famille, entre amis. Thomas a eu le privilège de mettre son doigt dans le côté du Christ, nous avons celui de vivre dans la certitude d’un Dieu qui nous aime.

Jean-Christophe NORMAND, diacre