Mc 10, 17-30

Le rapprochement de ce mammifère corpulent avec la finesse longiligne de l’aiguille semble tiré d’un poème surréaliste. Pourtant cela fonctionne, et cette image évangélique est devenue proverbiale. Puisqu’il est question d’aiguille, filons la métaphore.

Le riche est comparé à un chameau. Ce n’est probablement pas d’abord en raison de l’endurance de l’animal mais bien pour son embonpoint. Si on ajoute les ballots de marchandise qui augmentent
encore sa largeur et son poids, il devient pour le moins encombrant et difficile à manier. Le royaume de Dieu est comparé au trou d’une aiguille. Qu’on se souvienne des essais répétés pour faire entrer le fils
dans ce petit orifice, alors on comprend que la porte d’entrée n’est pas fort large, et qu’il faut une certaine habileté pour s’y faufiler.

Le trait est grossi, presque caricatural. Ne l’accentuons pas en imaginant qu’il ne concerne que les autres, les très très riches, ces caricatures de financiers opulents, en haut-de-forme et gros cigare. Les disciples l’ont bien compris : « Mais alors, qui peut-être sauvé ? ». Eux qui ont tout quitté pour suivre Jésus sentent bien que demeurent quelques attachements, qui les empêchent de se donner totalement. Soyons lucides : nous sommes tous alourdis par des attachements qui nous empêchent de franchir la porte étroite. En les reconnaissant avec réalisme devant Dieu, alors nous pourrons lui demander la grâce d’en être débarrassé : « car tout est possible à Dieu ».

Père Vincent THIALLIER